Entrevue à CFYX 93 pour le 1er anniversaire de l’Outillerie

Avatar d'Aurélie sur un microphone de radio avec logo de CFYX 93.
Fond photographique par Andrzej Rembowski de Pixabay. Logo: ©CFYX93.

À l’occasion du premier anniversaire de l’Outillerie Rimouski, j’ai eu le plaisir d’être invitée pour parler de notre OBNL et de son projet socio-écologique à l’antenne de la radio rimouskoise CFYX 93. L’entrevue a été menée par Nicolas Prévost à l’émission Réveil Rimouski du 15 juillet (8h15). Elle nous a permis de faire le point sur le fonctionnement de la bibliothèque d’objets et de répondre à plusieurs questions que les auditeurs (et nombre de Rimouskois) se posent à son sujet. Voici le clip audio suivi de sa transcription.

📻  Écoutez l’entrevue ici-même ▼ ou téléchargez-là (clic droit, MP3, 10 Mo)

Nicolas Prévost: L’Outillerie Rimouski a fêté son premier anniversaire le 13 juillet dernier. Pour nous en parler, on accueille Aurélie Chagnon-Lafortune, membre du conseil d’administration de l’Outillerie. Honnêtement, j’ignorais l’existence de l’Outillerie Rimouski. Je veux en apprendre un petit peu plus. Dites-nous c’est quoi la mission de l’Outillerie?

Aurélie Chagnon-Lafortune: Vous n’êtes pas le seul (à ignorer notre existence)! L’Outillerie Rimouski, c’est une bibliothèque d’objets. Donc c’est exactement le même principe qu’une bibliothèque municipale, mais au lieu d’avoir des livres, on a des objets. Nous on a fait le choix d’avoir des outils de rénovation (« gun à clous », tournevis, etc), des outils de cuisines et des outils d’aménagement paysager (tondeuse, coupe-bordure…), soit le genre d’affaires qu’on ne veut pas vraiment avoir chez soi.

C’est comme la bibliothèque : on a un abonnement, et une fois qu’on a un abonnement, on peut emprunter autant de choses qu’on veut. C’est comme ça qu’il y en a qui se ramassent avec des valises de char pleines

On a parlé de carte d’abonnement, mais comment ce projet a-t-il démarré? Qu’est-ce qui a fait en sorte qu’on se dise: là on a cette demande-là à Rimouski et c’est à Rimouski qu’on veut implanter ça?

Moi je n’étais pas là au début, mais mon ancien co-loc l’était, alors j’ai été témoin. C’était un groupe d’amis et de connaissances qui se disait: “c’est bien niaiseux d’avoir toutes ces affaires-là chez moi, ou d’essayer d’obtenir tous ces outils-là alors que je pourrais les partager! » Lui, il avait reçu une souffleuse à neige en héritage et se disait : « c’est gros, je m’en sers de temps en temps. Est-ce que je peux partager avec mes voisins? »…

C’est un peu ce genre de sentiment qui animait ces débuts-là, mais il y a aussi l’existence d’autres bibliothèques semblables. Il y en a à Québec, à Montréal, à Gatineau, et un peu partout en Amérique du Nord et ça aussi ça a inspiré le projet évidemment.

Savoir que ça existe ailleurs, je suis étonné aussi!

C’est sûr que ça reste encore quelque chose de minoritaire. Les gens aiment ça avoir leurs propres objets, y avoir accès en tout temps, pour dire que c’est à eux. Ça, c’est une mentalité qu’on essaie de changer. On est conscients que ça ne se change pas immédiatement, instantanément.

C’est sûr que c’est pratique d’avoir sa perceuse dans son armoire, mais des fois on n’a pas toute la place pour tous les outils dont on a besoin. C’est un des aspects qui a animé le début du projet.

Mais aussi l’aspect réduire le nombre d’objets qui existent et qui vont au dépotoir. Parce que veut, veut pas, chaque objet produit finit pas mal aux poubelles, un jour ou l’autre. Ça peut prendre vingt ans, ça peut prendre trois ans…

Vous donnez une deuxième vie à certains outils…

Des fois c’est leur première vie aussi. C’est juste qu’on leur donne une vie bien remplie!

Comment ça fonctionne? N’importe qui peut s’inscrire pour y adhérer, pour être membre?

Absolument!

Actuellement, il y a combien de membres, qui sont avec l’Outillerie?

On a aujourd’hui 263 membres, mais ça a augmenté parce que l’autre jour j’ai vu des gens s’abonner!

Moi, je fais partie des étudiants de l’UQAR et je vois qu’il y a quasiment 100 étudiants de l’UQAR qui sont membres de l’Outillerie Rimouski…

L’année passée, L’AGECAR a établi un partenariat avec l’Outillerie. Donc, jusqu’au 30 septembre, tous les étudiants et étudiantes de l’UQAR peuvent s’abonner gratuitement à l’Outillerie. Comme on n’est pas affiliés à la bibliothèque municipale — pas encore —  ce n’est pas gratuit: il y a des frais d’abonnement. Mais pour les étudiants, en ce moment, ça l’est, grâce à l’AGECAR.

Vous voulez donc vous jumeler avec la bibliothèque municipale?

C’est ça notre rêve. Notre rêve, ça serait que ça devienne aussi normal que la bibliothèque municipale avec les livres. Évidemment, c’est sûr que si on pouvait profiter des infrastructures municipales et s’y jumeler pour atteindre toute la population, ça serait merveilleux.

En ce moment, on peut se permettre un petit local, dans un demi- sous-sol qui fait le travail, mais qui n’est pas aussi visible que la bibliothèque.

Les discussions sont avancées pour ça?

Pas du tout! C’est un souhait que je lance dans l’univers!

L’Outillerie est située à quel endroit?

C’est sur Saint-Germain Est, sous la Baraque à bière et les Pâtisserie d’Olivier. Il faut passer par en arrière, par le stationnement. Il y a un petit escalier qui nous y mène, et quand on est ouverts, on a une petite pancarte en bois qui dit “L’Outillerie ICI!” juste à côté de l’escalier.

Vous avez fêté un an. Je suis assez surpris de constater que ça fait déjà un an. Il y a quand même pas mal de bénévoles: une cinquantaine de bénévoles qui s’occupent de ça!

C’est certain qu’il y a du roulement, qui se fait naturellement, comme dans tout organisme qui est géré par des bénévoles. C’est tous des gens qui trouvent que le projet est important: c’est notre point commun.

On a des étudiants, on a des retraités, des travailleurs et travailleuses — beaucoup. Ce sont des gens qui donnent du temps pour faire vivre ce projet-là, soit en faisant l’accueil, soit en réparant des outils, soit en s’occupant de l’achat d’outils — parce qu’il faut qu’on renouvelle la bibliothèque et qu’on la complète aussi. Il y en a qui font les communications, d’autres qui font le CA, des gens qui font les finances, des gens qui écrivent les politiques… C’est beaucoup de travail! On n‘a jamais assez de bénévoles, malgré ces chiffres impressionnants.

Vous disiez que vous donniez une vie bien remplie aux outils. Il y a quand même pas mal d’outils qui ont été empruntés depuis un an. C’est une valeur de pratiquement 150 000$ d’outils qui ont été prêtés jusqu’à maintenant. C’est assez énorme!

Oui, les outils, ça coûte cher. C’est une des raisons pour lesquelles on pense que c’est vraiment important d’exister. C’est pas tout le monde qui peut se permettre un banc de scie: c’est cher!

On a des outils qui nous ont été donnés. Il y a des choses qu’on n’a pas payées. La population a vraiment été au rendez-vous pour nous dire “je ne m’en sers plus, de cette affaire là, ça prend de la place, le voulez-vous?” Donc, ça, on a vraiment été chanceux: les gens ont été super généreux.

Aussi, on a des partenaires du milieu qui nous aident à acheter de nouveaux outils. On peut vraiment acheter des outils de qualité qui correspondent à la demande des membres. Parce que c’est sûr qu’avec les dons, on n’a pas reçu tout ce qu’on aurait voulu. Un compresseur, une laveuse à pression, un banc de scie, ce n’est pas des choses qu’on se fait donner tous les jours. Là, on a pu les acquérir.

C’est sûr qu’à la longue, avec tout ce qu’on a dans la bibliothèque, ça finit par être une certaine valeur. C’est pour ça qu’un abonnement de 150$ par année pour avoir accès à des milliers de dollars d’outils, c’est rien, au final…

Avez-vous des objectifs à court ou moyen terme?

On n’est pas super bons dans les objectifs chiffrés. Nos objectifs, c’est vraiment d’accroître notre visibilité, parce qu’on sait que ce n’est pas ce sur quoi on brille le plus. Tu ne savais pas qu’on existait: ça montre qu’on a du travail à faire là-dessus.

Avec la visibilité, on espère augmenter le nombre de membres aussi, parce que le loyer, les assurances, l’électricité, ça coûte des dollars. On veut aussi que le service, il serve le plus possible.

En étant plus proactif dans les communications ou dans la visibilité automatiquement, il y a plus de gens qui vont être membres, à mon avis. Vous vouliez aussi lancer une campagne de dons pour permettre aux personnes qui adhèrent à tout ça de pouvoir participer activement à votre OBNL et de venir vous porter des outils en bon état dont ils ne se servent pas?

En fait, ça va être une campagne de dons de dollars! C’est sûr que les outils en bon état sont toujours les bienvenus, mais notre loyer, nos assurances, ils ne se paient pas tout seuls. On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de gens qui nous disent “Ah, c’est tellement un beau projet, je suis tellement content que ça existe, c’est vraiment fantastique, mais j’ai tout ce dont j’ai besoin, je ne vois pas pourquoi je m’abonnerais.”

Nous, ce qu’on offre à ces personnes-là, c’est une solution pour encourager le projet. Ça va être une campagne un peu comme les gens qui produisent du contenu en ligne auxquels on peut donner deux dollars par mois.

Les gens vont pouvoir donner, s’ils ont envie, un montant pour couvrir nos frais. Ça va sortir très bientôt, sur Internet, les réseaux sociaux, etc.

Je veux vous féliciter d’avoir eu l’initiative de ça! Dernière question, pourquoi ça t’a attirée d’entrer dans cette famille-là, le CA de l’Outillerie Rimouski?

Le CA, c’était plus par nécessité. Ça prend des gens sur le conseil administratif pour qu’un organisme fonctionne. Mais ce qui m’a attirée vers l’Outillerie, je n’en ai pas parlé, c’est les ateliers.

On organise des ateliers pour faire du partage de savoir-faire. Là on a fait  la couture, l’aiguisage de couteaux, l’électricité de base, la sculpture sur bois, et il y en a d’autres qui s’en viennent.

C’est vraiment ça qui me tentait: organiser des ateliers pour qu’on apprenne à faire les choses nous-même; pour partager les savoir, aussi, parce que souvent ce sont des bénévoles de l’Outillerie qui donnent les ateliers, ou bien des sympathisants.

C’est vraiment ça qui m’a attirée. L’accès aux outils aussi, mais au final je ne suis pas la plus grande bricoleuse. J’avais envie d’en apprendre plus. C’était apprendre qui m’attirait beaucoup. bref, on a tous notre petite histoire de pourquoi on est à l’Outillerie.

On vous remercie beaucoup de votre présence ce matin. On espère que le tout va grandir. On va aller faire notre petit tour, Émile et moi, pour aller voir les installations et voir ce qui est offert.

On vous souhaite une longue vie et on espère que vos souhaits avec la municipalité puissent être exaucés…

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